Six mois après le lancement de la Carte Technologique Internationale (CTI), un peu plus de 2075 cartes se sont écoulées, notamment grâce à La poste tunisienne et Banque Zitouna. Mais peut-on parler d’un flop en si peu de temps ? Pas vraiment. Puisqu’un cas concret d’une startup tunisienne a montré que 2000 dollars dépensés par des achats en ligne via cette carte (accès aux stores, publicité en ligne, etc.), ont permis d’augmenter le chiffre d’affaire de cette startup puisqu’ils ont pu gagner 10 mille dollars en devise. Mais… pas via cette carte. Explications.
Taher Mestiri, l’initiateur du projet CTI et membre de la communauté TunAndroid, a organisé début août dernier un sondage en ligne pour connaître les problèmes rencontrés par les développeurs quant à l’acquisition de la carte et son utilisation. Bien que le nombre des participants n’était pas vraiment grand (vu que le sondage était très limité dans le temps et lancé uniquement sur Internet en pleine saison des congés d’été), mais les résultats était forts intéressants.
Ce qui en ressort, c’est qu’il y a déjà un manque d’engagement de la part des institutions bancaires tunisiennes, mélangé à un zeste de mauvaise foi. Peu de communication dans les agences, mauvaises procédures, éviter à délivrer la dite carte aux étudiants et à ceux qui n’ont pas d’entrée régulière d’argent sur leur compte. Bref, autant d’entraves qui n’ont pas réellement encouragé les développeurs à adhérer massivement à la CTI. Sauf pour le cas de la poste tunisienne et Banque Zitouna qui ont tablé sur la proximité géographique de leurs agences pour délivrer cette carte.
Qu’à cela ne tienne ! Seule ces deux institutions ont mis le paquet pour valoriser le travail des développeurs en leur offrant tous les moyens de réussite. Ceux qui avaient besoin de la CTI ont fini, donc, par l’avoir. Mais le plus grand souci rencontré, c’est du côté des plateformes de paiement étrangers. Et pour cause…
Beaucoup de sites marchands n’acceptent pas encore la CTI et se limitent, pratiquement, à des systèmes de paiement mondialement connus comme Paypal. Or, ce dernier est banni en Tunisie par la banque centrale qui y voit un moyen illicite de faire fuir la devise en dehors du pays. D’autant plus que Paypal n’a pas vraiment cherché à s’ouvrir à la Tunisie. Peut-être à cause de la rigidité du système financier tunisien et/ou le faible poids de ce marché par rapports aux autres pays ? De toutes les façons, les faits sont là : les développeurs se retrouvent très souvent bloqués dans leur travail à cause du Paypal…
Dans une réunion de suivi du projet de la CTI organisée par la Société Monétique Tunisie (SMT) le 9 septembre dernier avec quelques banques, la société civile (représenté par Taher Mestiri), la poste tunisienne, le ministère des TIC et de l’Economie numérique ainsi que quelques représentants de Startup, la SMT a affirmé que jusqu’au 31 août dernier, 208 mille dinars en transactions d’achat divers ont été enregistrés, contre 587 $ seulement qui ont été reçu via ces cartes.
La carte a-t-elle, donc, aggravé l’hémorragie de la devise? C’est plutôt l’inverse. Pour le cas de Digital Mania, startup tunisienne spécialisée dans le développement des jeux vidéo, chaque dollar dépensé, 4 dollars ont été gagnés. Mais un problème se pose sur le rapatriement de cet argent. En effet, cet argent gagné devrait être réinvesti le plutôt possible en budget de communication (publicité en ligne, ciblée selon les pays). Or tout le processus de son rapatriement, et puis faire une demande à la Banque Centrale de Tunisie (BCT) pour que cet argent soit réinjecté dans la carte pour les achats en devise et non pour le retrait en dinar, fera que le délais de traitement dépassera les 30 jours. «Or, je ne peux pas me permettre un tel délais puisque je suis dans une perspective de croissance linéaire», déclare Walid Midani, directeur de Digital Mania.
Pour d’autres, l’encaissement de l’argent n’a pas pu se faire sur certaines plateformes qui préfèrent Visa à Mastercard, et vice versa (rappelons qu’il y a deux types de CTI en Tunisie, l’une faite avec Visa, l’autre avec Mastercard). Les développeurs dans ce cas sont alors obligé de faire le rapatriement de l’argent en Tunisie par virement bancaire (via un autre compte), ou par Western Union ou Money Gram. Pire encore pour le cas où l’argent est stocké chez PayPal (dont la majorité écrasante des sites l’utilisent).
En d’autres termes, il est impossible de mesurer réellement les entrées d’argent en devise fait indirectement via cette CTI. Et même si les raisons peuvent varier, c’est encore Paypal qui peut en être la cause principale et ce, dans les deux sens (paiement et encaissement).
A la lumière de cet état des lieux, la SMT et la BCT ont donc décidé d’ouvrir le paiement en ligne via Paypal. Comment ? En reliant son compte Paypal à la CTI. Quant à l’encaissement de l’argent, Taher Mestiri a déjà contacté, au nom de la communauté des développeurs tunisiens, la société Paypal leur demandant d’ouvrir les virements vers la Tunisie. Aux dernières nouvelles, Paypal va étudier cette possibilité et contactera la BCT pour tenter de trouver un terrain d’entente.
SOURCE THD
Welid Naffati
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