Un nouveau spécialiste des fuites se lance : Associated Whistleblowing Press. Créé par des sympathisants de WikiLeaks, dont ils souhaitent se démarquer. Plateformes locales de recueil d’informations confidentielles. Traitement en interne par une équipe de journalistes, blogueurs et activistes. En étant « son propre média », selon la recette éprouvée de WikiLeaks.
L’aventure de WikiLeaks se poursuit, et pas seulement avec les imbroglios judiciaires et diplomatiques de son fondateur Julian Assange. Des projets similaires se multiplient. L’année dernière était lancé Open Leaks par Daniel Domscheit-Berg, une ancienne figure de l’organisation de Julian Assange. Sans grands résultats à ce jour.
ANONYMOUS DANS LE PRÉ DE WIKILEAKS
Des collectifs d’Anonymous aussi ont leur propre plateforme de diffusion d’informations confidentielles, leur WikiLeaks sauce …
Des plateformes de recueil d’informations confidentielles ont été déclinées dans plusieurs pays (French Leaks, MagyarLeaks) et sur différents sujets (EnviroLeaks). La bannière Anonymous flotte même sur une autre déclinaison, Par:noia.
Lanceurs d’alerte
Des initiatives intéressantes qui n’ont pas satisfait Pedro Noel, un activiste brésilien venu du mouvement Occupy, et ancien de “WikiLeaks Central”. Il fait partie des fondateurs de l’Associated Whistleblowing Press (AWP), un collectif qui vient de lancer son site – whistle.is. Un projet ambitieux au nom évocateur : le nom de la célèbre agence américaine – Associated Press – est saupoudrée d’une composante de “lancement d’alerte” (whistleblowing en VO). AWP s’inspire des réussites comme des échecs de WikiLeaks, explique Pedro Noel, joint par chat :
Nous ne voulons pas être des rivaux de WikiLeaks. Nous sommes simplement plusieurs personnes à avoir quitté WikiLeaks Central pour lancer un autre projet, car c’est devenu un portail pour les médias très centré sur Assange et WikiLeaks.
AWP veut être son propre média. L’équipe est composée d’environ six éditeurs, dont les deux fondateurs, Pedro Noel donc, et Santiago Carrion. Le site est hébergé en Islande, un pays “qui se bat pour fournir aux éditeurs, journalistes et lanceurs d’alerte un cadre légal protecteur”. Au sein de AWP, les rôles tourneront. Pedro Noel est rédacteur en chef pour le moment, mais ne devrait pas le rester. Les décisions sont prises de façon concertée, en respect de la philosophie hacktiviste.
Le collectif veut englober toute la chaîne de diffusion d’informations confidentielles (les leaks). Depuis la récolte via une plateforme sécurisée jusqu’au traitement des données et leur publication. Une réaction aux “médias commerciaux” pour lesquels AWP affiche une forte défiance. Sur leur site, ils écrivent :
La censure est pratiquée de façon quotidienne dans les médias de masse – des informations cruciales sont négligées, l’apathie est encouragée. Tout est fait pour maintenir ou augmenter la puissance des propriétaires des médias ainsi que le milieu socio-économique auquel ils appartiennent. Est alors affectée la nature même du journalisme : fournir des informations impartiales, justes pour que les citoyens soient gouvernés correctement.
Les mots sont durs, mais dans les faits, AWP ne considère pas “les médias commerciaux” de façon indiscriminée. Plusieurs grands journaux européens ont été contactés pour établir des partenariats, encore à l’étude. Des raisons plus pragmatiques expliquent cette méfiance. Les fondateurs avouent avoir été déçus par le traitement des leaks, par les médias ou WikiLeaks, et par leur impact parfois limité.
“Les moyens actuels pour publier les données fuitées sont très inefficaces” déplorent-ils dans la présentation de leur site. “La diffusion d’informations confidentielles continue de dépendre des médias commerciaux pour combler le vide entre les données brutes et les véritables infos.”
“Aider les communautés”
L’ambition est de revenir à des niveaux plus modestes, ne pas forcément chercher à faire trembler la terre entière mais privilégier un impact plus local et plus direct. La plateforme sécurisée d’AWP se déclinera en plusieurs plateformes régionales, locales. “Il faut convaincre les gens de faire fuiter tout ce qui touche à la vie de la cité, public ou privé” détaille un journaliste intéressé par l’aventure.
Là encore point une distinction nette avec WikiLeaks : “C’est un problème que des organisations comme WikiLeaks soient très centrées sur le monde anglo-saxon et ne révèlent des informations que d’intérêt mondial et souvent en lien avec les États-Unis” explique Pedro Noel. “Nous voulons AIDER les communautés” assène-t-il.
Dans l’idéal, les plateformes locales permettront à des membres d’une mairie ou d’une entreprise, même petite, de transmettre en toute discrétion des documents que des journalistes du coin traiteront. Dans l’idéal seulement. Les éditeurs contrôlent les informations du début à la fin, et pourraient choisir d’en favoriser certaines. Le mélange des genres entre activistes, blogueurs et journalistes fait aussi craindre que AWP se transforme en un site militant, tout feu tout flamme. Un temps, l’équipe avait pensé au nom de domaine dénoncer.fr, avant qu’un membre français de l’équipe rappelle la forte charge symbolique du terme.
Sourec OVNI
www.digivoip.tn
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