Malgré le cadre noir qui se dessine à l’horizon suite aux premiers résultats de l’audit des états de synthèse de la branche fixe de Tunisie Telecom, l’Instance Nationale des Télécommunications (INT) reste tout de même confiante sur le futur de la téléphonie fixe. Pourquoi ? Parce que les pertes du fixe sont, d’une certaine façon, estompées par la redevance de l’ADSL.
En 2010, le parc du fixe terrestre de l’opérateur historique comptait en effet 1281 lignes pour 478 abonnés ADSL. Environ 37% des lignes affichaient donc des indicateurs financiers bien meilleurs que le reste du parc. Ce qui, d’une certaine manière, réduisait les pertes propres de la branche fixe de TT.
En 2011, le nombre des abonnés ADSL a augmenté pour atteindre les 542 lignes. Avec la pénétration du mobile, le nombre des lignes fixes actives ont, par contre, diminué et ont atteint les 1175 lignes. Soit 46% du parc fixe payait une double redevance (celle du fixe et celle de l’ADSL). De ce fait, il est difficile d’imaginer que les pertes sur le fixe de TT de l’année 2010 soient les mêmes que celles de 2011. C’est la raison pour laquelle l’INT a décidé d’attendre les résultats des audits des états de synthèse du fixe de TT pour l’année 2011 afin de trouver le meilleur plan de rééquilibrage.
Mais le régulateur n’a pas attendu ce rapport pour commencer d’ores et déjà à remédier à cette situation de déséquilibre. Depuis début 2012, l’INT a en effet réduit le prix d’interconnexion du fixe de Tunisie Telecom pour lui apporter plus de trafic et augmenter ainsi ses revenus.
Ce prix d’interconnexion était fixé en 2011 à 35 millimes en simple transit (un central téléphonique se charge de la transmission d’appel jusqu’à l’abonné du fixe) et 55 millimes en double transit (deux centraux téléphoniques sont sollicités pour faire véhiculer l’appel jusqu’à l’abonné du fixe).
Pour 2012, le régulateur a réduit ce prix à 34 millimes en simple transit et 44 millimes en double transit. De son côté, Tunisie Telecom a été appelée à multiplier les efforts quant aux promotions sur son fixe pour inciter les consommateurs à l’utiliser. Résultat espéré : réduire davantage les pertes de la branche fixe de TT. C’est la raison pour laquelle l’opérateur historique a lancé son offre Millénium où les appels depuis le fixe vers les autres fixes de TT ainsi que les mobiles de TT sont illimités. Mais tout ces efforts risquent bien de tomber à l’eau. Le problème ? La communication de Tunisie Telecom.
En effet, beaucoup de clients, notamment du prépayé de Tunisie Telecom, ne sont pas au courant de la dernière augmentation de la redevance qui les oblige à acheter une carte de recharge chaque mois. Faute de quoi, ils risquent de voir leur ligne résiliée pour non paiement. Ceux qui ont l’ADSL se verront, de facto, couper Internet.
Et s’ils veulent rétablir l’accès, ils devront payer Tunisie Telecom. Mais vu que le régime prépayé n’est plus commercialisé depuis 2008, ces personnes devront alors souscrire à une offre postpayée ou forfait pour pouvoir réutiliser leur ADSL.
Jusqu’au moment de la publication de cet article, et d’après nos sources, Tunisie Telecom n’a pas encore préparé une campagne de communication pour inciter ses abonnés du fixe prépayé à recharger leur ligne chaque mois pour éviter la résiliation de leur ligne. Pire encore, l’opérateur historique n’a pas développé avec ses partenaires les fournisseurs d’accès Internet un plan de recouvrement qui les sauvera d’une grande perte dans leur chiffres d’affaire. Et pour cause, environ 70% des abonnés ADSL sont en régime prépayé. Avec la prochaine vague de résiliation pour non paiement, on s’attend à ce qu’ils ne rétablissent pas la ligne et migrent plutôt vers la 3G.
Et c’est là le vrai scénario catastrophe qu’il faudrait absolument éviter. Faut-il encore rappeler que l’accès 3G n’a jamais était l’accès référence pour l’Internet (lire notre article Un expert international en TIC déclare : «Je suis très très pessimiste pour la Tunisie») ? Pire encore : le manque de communication de Tunisie Telecom sur cette affaire du fixe ne va pas seulement porter préjudice à ses propres abonnés et aux FAI partenaires, il va surtout rajouter de l’eau au moulin des détracteurs de Tunisie Telecom et entacher encore plus la réputation d’un opérateur qui traine derrière lui le lourd historique d’entreprise publique archaïque.
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Source:THD
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