La consommation de la bande passante Internet entre la Tunisie et l’Europe a atteint des niveaux élevés durant le mois d’août dernier. C’est ce qui ressort d’une courbe de consommation de la bande passante internationale que nous avons pu obtenir de l’Agence Nationale d’Internet. Entre le 1er et le 31 août 2012, la Tunisie a consommé 33,899 Gb/s en moyenne. Un pic de 46,874 Gb/s a été néanmoins observé la veille de l’Aïd, soit le 18 août, après la rupture du jeûne. Et d’après l’allure de la courbe, chaque soir tout au long du mois écoulé, notre consommation s’est beaucoup rapprochée de ce pic.
Il faut dire que cette année, l’abondance des émissions télévisées a joué un rôle dans cette augmentation de la navigation des Tunisiens. Ces derniers ne suivent plus généralement en direct les émissions sur leur TV. Mais plutôt en différé, sur des sites spécialisés ou encore sur les réseaux sociaux tels que Facebook ou Youtube. Les tendances de recherche du mois saint -qui avaient montré une progression record de termes en relations avec la télévision, tels que «Mektoub», «Ettounisiya», «Temseh» ou encore «Ellogique Essyessi»- démontre encore plus que les Tunisiens utilisent désormais Internet comme plateforme de CatchUp TV pour revoir leurs émissions télé qu’ils ont loupées. Une sorte de télé à la demande en gros. Appelée également VoD pour Video on Demand.
Une situation alarmante ?
Bien que la capacité totale de la liaison Internet avec l’Europe soit encore suffisante (puisqu’elle est à 60 Gb/s), la tendance de consommation de la bande passante internationale n’est pas, toutefois, très rassurante. Et pour cause : la Tunisie n’en «exporte» que 7.481 Gb/s.
D’après les statistiques non officielles, les Internautes tunisiens ne consomment que 10 Gb/s en local. Ce déséquilibre s’accentue d’année en année avec l’augmentation du nombre des connectés soit en 3G ou en ADSL ainsi que l’intérêt croissant des Tunisiens porté aux sites web hébergés à l’étranger. Et la situation ne risque pas de changer de sitôt. Pourquoi ? Parce que le contenu numérique hébergé à l’échelle nationale reste très médiocre en globalité.
D’après les statistiques de l’ATI, 20541 noms de domaines seulement sont enregistrés chez les fournisseurs d’accès Internet, dont 14453 domaines en .tn. Et pourtant, plusieurs sites tunisiens avec une URL nationale continue à être hébergés à l’étranger, fuyant la qualité de service et la cherté des services de webhosting en Tunisie.
Jusqu’à quand ?
Malgré cela, l’ATI multiplie les initiatives pour retenir le maximum de la bande passante. Rappelons à cet effet que l’agence a installé des sites miroirs de téléchargement de logiciels notamment OpenSource, ainsi que des serveurs de catching pour des sites gourmands, tels que Dailymotion et Youtube.
Vu les coûts élevés de la bande passante, toute initiative visant à diminuer la consommation de la bande passante internationale est toujours à encourager. On ne peut de ce fait que saluer les efforts de l’ATI pour retenir le maximum de trafic sur le national. Mais jusqu’à quand ? Seule, l’ATI ne pourra en effet, à court ou à long terme, inverser la tendance. En absence d’un plan national de développement du contenu numérique local, cette hémorragie de la bande passante internationale continuera de plus belle avec l’augmentation des abonnements Internet, notamment sur la 3G.
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